LE RESPECT

    Ces Valeurs, qui souvent perdues de vue, sont pourtant comme des piliers qui aident l’homme et la société à tenir debout.
Comme pour les autres chapitres, le plan retenu est le suivant :

           – De quoi s’agit-il ?
           – La crise du respect
           – Pour une éducation au respect

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1/ Le respect. De quoi s’agit-il ?Le dictionnaire nous précise :
 » – Traiter quelqu’un ou quelque chose avec déférence en raison de sa supériorité, de son âge, de son mérite.
– Sentiment de vénération à l’égard de ce qui est sacré ( la mémoire d’une personne par exemple ).
– Attitude qui consiste à ne pas porter atteinte à quelque chose ( la loi, le bien d’autrui… )
Une déformation du respect est la crainte de l’opinion des autres, c’est le « respect humain ».
– Synonymes : considération, déférence, révérence, vénération… »

Le point de vue de philosophes
  » Mon Général (ou mon Colonel), je vous présente mes respects ! » La formule fait partie des usages militaires. Traduit-elle en profondeur un sentiment réel?…

    En effet un philosophe écrit : « Le respect est une vertu, certes mais seulement si son objet en est vraiment digne. Il existe en effet une forme de respect, faite de conformité sociale ou de soumission aux hiérarchies qui relève purement du dressage.
 Lorsqu’il justifie une obéissance sans réflexion, sans discussion, le respect est la porte ouverte à l’irresponsabilité et à l’inhumanité…« 
   Ainsi, lors de son procès à Jérusalem, Eichmann, le bourreau nazi, justifiait son obéissance aux ordres de ses supérieurs en invoquant son respect inconditionnel de la parole donnée au Führer. Ce respect-là semblerait dès lors condamnable en raison de la servilité à laquelle il ne manquerait pas de nous conduire…
 « D’où la dévalorisation du respect dans notre vie quotidienne. Respecter autrui, la parole donnée, les plate-bandes, les gens qui font la queue… Pourquoi, si c’est stupide et aliénant? »
    « Le respect est pourtant une vertu. Il est même l’expression par excellence du comportement moral, et pas seulement éthique, celui où l’être humain exerce sur lui même un contrôle et reconnaît une limite infranchissable, que ce soit le visage de l’autre, ou ma propre dignité, ou encore la vérité sans laquelle il n’est plus de lien entre les êtres humains… »

Catherine Audard « Le Respect » Editions Autrement Série morales

    Alain soutenait la nature liberticide du respect : « Tout le mal vient, dit-il, de ce que les hommes ne savent pas obéir sans respecter… » (Je conteste, quant à moi, sa vision des choses…

)
    Un autre auteur affirme : « Confondu avec la déférence, la politesse, aux limites de l’obséquiosité, de la servilité mais aussi de la crainte et de l’admiration, le respect apparaît plus comme le résultat de la pression sociale que comme une vertu… »

   Sur un ton différent, la philosophe catholique Simone Weil écrit : « Le fait qu’un être humain possède une destinée éternelle n’impose qu’une seule obligation, c’est le respect.
L’obligation n’est accomplie que si le respect est effectivement exprimé, d’une manière réelle et non fictive. Il ne peut l’être que par l’intermédiaire des besoins terrestres de l’homme. »

   Faute de pouvoir prolonger le débat à ces hauteurs, je conclurai que, d’une certaine manière, le respect s’adresse surtout au sacré. Il concerne à la fois l’ordre cosmique et la loi, loi de nature ou loi des hommes.
   S’agissant de l’autre, il s’agit de le reconnaître d’abord comme une personne.
C’est a priori difficile, non seulement en Inde pour le brahmane vis à vis de l’intouchable, le policier face au délinquant… mais aussi, admettons-le, pour chacun de nous dans les circonstances ordinaires de la vie.

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Les différentes formes du respect

Le respect commence par le respect de soi-même, de son corps (la pudeur est ainsi une forme élémentaire de respect de soi-même

), de son esprit et de son cœur (Le respect de soi-même est une forme de l’honneur

) . C’est ne pas se respecter soi-même que de se laisser aller à une action vile.
 Le respect des autres (leur corps, leurs biens, leurs opinions…

) est un élément fondamental de la vie en société. Cette notion ne va certes pas de soi mais, sous l’influence du Christianisme et des Droits de l’Homme, elle a progressé au fil des âges.
    Dans l’Antiquité, il était courant de passer les vaincus au fil de l’épée, l’esclavage était communément admis et ceux qui pensaient mal étaient tués ou enfermés. Aujourd’hui, ces pratiques perdurent, hélas, du Soudan aux bagnes chinois, mais elles suscitent la réprobation majoritaire. (M’occupant de prisonniers depuis des années, j’atteste que le respect dû aux détenus a considérablement progressé en France, encore qu’insuffisamment…)

    Dans toutes les civilisations, un certain nombre de circonstances humaines revêtent un certain caractère sacré et donc mérite le respect: tout ce qui touche à la naissance et à la mort.
   De même pour des lieux de mémoire comme l’Arc de Triomphe, Verdun, Auchwitz ou les Cathédrales.

2/ La crise du respect : » France, ton respect fout le camp ! « 

   Cela commence par le respect de soi-même.

Deux exemples parmi bien d’autres.
    Nous nous indignons du fait que les intégristes musulmans imposent le «  burka  » à leurs femmes mais, à l’inverse, mesurons-nous assez le scandale que représentent certaines modes féminines européennes sans parler de notre publicité à base de nus et de notre TV. Il y a dans nos villes des officines pleines de jeunes qui viennent se faire tatouer ou poser un « piercing ». Toutes ces personnes qui sacrifient à des modes cruelles et imbéciles manquent au respect d’eux-mêmes.

De même, le respect des autres semble disparaître:

    Les injures entre automobilistes… Les propriétaires de chiens qui laissent salir les trottoirs… Les jeunes qui bousculent les personnes âgées… Les voisins bruyants…

    L’escalade des vols marque un mépris absolu de la propriété d’autrui. La Loi et les règlements sont journellement bafoués, à commencer par le code de la route…

    Sur un autre plan, des journalistes n’hésitent pas à livrer des vies privées en spectacle.

   L’attitude du public huant la Marseillaise lors d’un match France-Algérie était scandaleuse mais l’attitude de nos hommes politiques n’est pas non plus édifiante.
    On voit lors des séances de questions orales télévisées, des députés en séance lisant le journal, bavardant avec leur voisin, faisant claquer leur pupitre et interrompant bruyamment leurs adversaires…

Il n’y a même plus de respect du « sacré »

    On ne compte plus les outrages commis par des écrivains, des journalistes, des dessinateurs, des cinéastes à l’égard de la Religion Catholique, du Drapeau, de la mémoire des Anciens Combattants et d’autres symboles considérés autrefois comme sacrés.
 La Justice donne raison à un afficheur superposant la Croix du Christ et la croix gammée, tandis qu’une marque de bière caricature les rites de la Messe à des fins mercantiles…

    La Mort elle-même, considérée comme sacrée dans toutes les civilisations depuis que l’homme est sur terre, perd son caractère de tabou et les viols de sépultures se multiplient.

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Pour une éducation au respect
    Il paraît donc nécessaire de réagir et c’est ce que propose France-Valeurs qui veut réensemencer les Valeurs en reprenant tout à la base.
    Dans ce domaine comme dans bien d’autres, en effet, tout est affaire d’ éducation.

   Or, l’éducation aux Valeurs, c’est une œuvre globale: les Valeurs forment un tout indissociable. Pour  » élever  » un enfant, il faut l’aider à développer ensemble son corps, son esprit et son âme ; l’éveiller à la fois à la générosité, au courage, à la responsabilité… et au respect.

    Ce genre d’éducation revient d’abord à la famille.

    Elle passe par l’exemple. C’est une affaire d’imprégnation quotidienne. L’apprentissage du respect se diffuse chaque jour « à dose homéopathique  » et dans la tendresse … Elle concerne d’abord la famille mais il faudrait que les autres agents éducatifs tirent dans le même sens ( l’école, les amis, les mouvements de jeunesse, la TV…)

    D’où l’importance primordiale de la cohérence dans l’éducation.

L’éducation au respect de soi-même

Faute de pouvoir évoquer l’éducation morale en général, je me borne à une seule remarque.

    En ce siècle d’exhibitionnisme où des jeunes filles montrent leur nombril aux passants alors que des messieurs ventripotents promènent sans complexe leur bedaine dénudée, il conviendrait sans doute de revenir à une saine conception de l’éducation à la pudeur.

   Dans le cas de la pudeur féminine, (c’est le visiteur de prison qui parle ici et qui rencontre beaucoup de délinquants sexuels…)

, cela relève d’ailleurs de la simple prudence. On brandit le principe de précaution vis à vis de la vache folle, pourquoi nos filles ne se l’appliqueraient pas à elles mêmes alors que grandit ( sans doute en raison du contexte ) le nombre des détraqués et des pervers..

.

L’éducation au respect des parents

    Entourer leurs enfants d’amour, c’est évidemment le premier rôle des parents mais cela n’exclut pas qu’ils se fassent respecter. La Bible stipule d’ailleurs : « Tu honoreras ton père et mère! » et le code civil dit la même chose en son article 371.

    Or, sans revenir à la conception haïssable du père dominateur, écraseur de personnalités, il y a fort à faire, à l’inverse, pour rattraper les effets pervers de la mode des « parents-copains« .
    Se faire respecter, c’est vrai d’abord dans le domaine du langage (on ne parle pas aux parents comme on parle aux camarades de classe…

) . C’est vrai aussi dans le domaine du respect des lieux de leur intimité, de leurs affaires, de leur correspondance…

Tout cela s’apprend dès les premières années, en douceur mais fermement.

Cela va évidemment de pair avec le respect des parents pour leurs enfants.

    Ayant ainsi découvert une première série de repères élémentaires au sein de la famille les jeunes n’en seront que mieux préparés à accepter d’autres limites dans d’autres domaines et, d’abord, à se situer vis à vis des autres en les respectant.

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L’éducation au respect des autres
    Là encore, la famille est le meilleur espace de découverte des autres et du respect de leur altérité, surtout s’il s’agit d’une famille relativement nombreuse. C’est en vivant avec les autres qu’on apprend à les respecter.
    Chacun sait cependant qu’il s’agit, pour les parents (et pour les enfants), d’une longue patience et que la cohabitation familiale ne va pas sans heurts.

    De même, la sociabilisation est l’un des objectifs affichés de l’école. Elle postule que les enfants apprennent à vivre ensemble, donc, au minimum, à admettre des limites à leur liberté. C’est là une dimension nécessaire mais pas suffisante pour que règne l’harmonie.
    La première façon de lutter contre la violence à l’école , thème cher à nos politiques et à nos associations, c’est de faire de ce principe une réalité, ce dès la maternelle.

Le respect de la femme, « éducatrice de l’homme et gardienne de la civilisation. »
    En cette époque d’éducation mixte, réinventons des moyens simples d’enseigner aux garçons le respect de la femme – et aux filles le souci de se faire respecter. ( 1 )

Le respect du Sacré
    A des titres divers, il nous faut réapprendre progressivement à nos enfants à respecter tout jeunes des réalités simples comme, par exemple :
– le pain, synthèse de l’œuvre de la nature et du travail des hommes,
– la peine des autres, à commencer par l’humble besogne des éboueurs et des plongeurs…
– les lieux publics (parcs & jardins , espaces de jeux, rues…)

    Cette initiation peut déboucher sur l’apprentissage graduel du respect de la nature, en commençant par le respect du silence de la forêt ou de la campagne, et en continuant par le respect des arbres et des plantes, des animaux et des sites …

    A partir de ces bases, les jeunes ayant pris un certain nombre de repères, il est plus facile d’aborder progressivement avec eux des notions plus complexes et dont certaines sont abstraites comme le respect des monuments et des œuvres d’art, le respect de la Loi, le respect des symboles, le respect de ceux qui nous ont précédés et qui ont contribué à façonner, à embellir et à protéger notre pays.

    Il apparaît ainsi que l’éducation au respect est nécessaire mais non suffisante.

Elle n’est que l’un des éléments de l’éducation tout court mais qu’elle débouche sur d’autres éléments dont le respect est indissociable, à commencer par l’amour.

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(1) Respect des femmes.
Bien que ces sujets ne relèvent pas explicitement de ce chapitre surtout consacré à l’éducation au respect, comment ne pas évoquer ces scandales que constituent, d’une part, l’enlèvement et la « vente » de jeunes filles de l’Est qu’on livre chez nous à la prostitution, d’autre part, les mutilations sexuelles toujours en vigueur, notamment en Afrique, et tolérées, de fait, ici, dans certains milieux immigrés.