LE COURAGE

      Le courage est célébré depuis les temps anciens comme une vertu cardinale. Pour Platon, la vie morale gravite autour de 4 pivots: courage, sagesse, tempérance et justice.

1/ De quoi s’agit-il ?Le dictionnaire dit :  » Courage ( dérivé ancien de coeur ) = Fermeté du coeur, force d’âme qui fait braver les dangers, les revers et la souffrance avec constance … »

      Le courage, c’est la force qui nous aide à accomplir des actions ou à supporter des épreuves malgré notre paresse et notre peur. C’est un comportement qui repose sur un choix entre deux possibilités
– suivre son instinct naturel, ses intérêts personnels et se laisser aller à la facilité; ou bien, respecter les règles d’une morale ou d’un intérêt supérieur sans tenir compte de soi, le sacrifice pouvant aller jusqu’au don de sa vie. Dans ce choix, le coeur l’emporte souvent sur la raison. Il ne donne pas toujours le succès mais assure au moins le respect de soi-même.

      Il est évident qu’il n’y a pas de courage-type . Il existe de nombreuses formes de courage mais il est possible d’affirmer que « le courage, c’est l’homme ».

Le Courage militaire
      Jadis, la notion de courage s’identifiait traditionnellement avec la bravoure militaire: Jeanne d’Arc à l’assaut des remparts d’Orléans, les poilus franchissant le parapet des tranchées sous les obus, l’opérateur radio de la Résistance continuant à émettre, traqué par la gonio des Nazis, les GI du 6 Juin 1944 sautant dans l’eau sous le feu des blockhaus allemands, le pilote Maridor précipitant son « Spit » sur un V 1 qui allait pulvériser un faubourg populeux de Londres… Tous ces traits de bravoure poussée jusqu’au sacrifice, il est impossible de les classer, selon une échelle de Richter, comme les tremblements de terre.

      D’ailleurs, ce sont parfois les circonstances ou le simple réflexe de survie qui transforment les timides en héros.
      Au combat, le chef a l’esprit occupé par sa mission; il est aussi poussé par le devoir de donner l’exemple. Pour lui, le courage physique est donc moins méritoire que pour le simple guetteur qui grelotte dans son trou alors que rôdent les patrouilles adverses …
      C’est pourquoi, au delà des actions d’éclat accomplies les armes à la main, je crois que les actes mûrement réfléchis sont les plus représentatifs de cette victoire sur soi même qui caractérise le courage. C’est par exemple le cas de ces hommes qui, quoique non brevetés parachutistes, ont été volontaires pour sauter individuellement sur Dien Bien Phu dans les tous derniers jours du siège quand ils savaient que tout était consommé…
      Mais le courage n’est pas, de loin, réservé aux soldats. D’ailleurs, pour les hommes et pour les sociétés, la vie est un combat.

Le Courage physique
      Monter dans les Tours en feu pour secourir les occupants, cela a représenté de la part des pompiers de New York un merveilleux exemple de courage physique en temps de paix.       Mais tenir tête, des heures durant à des terroristes, a le mérite supplémentaire de la durée.
      Dans le même ordre d’idées, des personnels de santé se dévouent au chevet des victimes d’épidémies malgré la contagion; des pères et mères de famille assument un enfant déficient… Ceux-là refont tous les matins leur acte de courage.
      L’enfant face à sa première piqûre comme l’adulte cancéreux en phase terminale sont l’un et l’autre appelés à faire preuve de courage physique.
Mais le courage moral est plus méritoire encore que celui de Turenne qui disait « Tu trembles, carcasse » et s’en allait dormir sur un affût de canon…

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Le Courage moral
      Le comble du courage, c’est de mettre sa peau au bout de ses idées; c’est de risquer sa vie ou la donner pour ses convictions . Un martyr comme le Père Kolbe , déporté à Auchwitz et volontaire pour prendre la place d’un père de famille condamné à mourir de faim, reste ainsi l’un des exemples le plus pur de l’héroïsme moderne.
      Dans tous les domaines, c’est à chaque instant qu’on a besoin de courage pour mener dignement sa vie d’homme. De nos jours, l’on a rarement à affronter des bêtes féroces examinons plutôt ce qui concerne l’homme contemporain .
      Garder son bébé, c’est parfois héroïque de la part de certaines jeunes femmes enceintes que des camarades de bureau ou d’atelier, des médecins, voire le mari ou le compagnon, poussent à avorter…
      Refuser de faire grève malgré l’intimidation qui règne dans l’usine. Se désolidariser d’une majorité d’irresponsables gueulards à l’université. Voilà aussi de beaux actes de courage moral contemporain.
      De même, pour un chef d’entreprise en difficulté, se battre pour maintenir son activité au lieu de déposer son bilan ou de se faire racheter, comme tant de collègues… Pour un chômeur, recommencer son CV pour la N° fois et l’adresser à de nouveaux employeurs potentiels, c’est une forme de vertu bien nécessaire, hélas, à beaucoup de nos concitoyens.

      Sur un plan plus élevé, Churchill osait prédire à son peuple, en Juin 1940, « du sang , de la sueur et des larmes ». Un tel langage, exceptionnel en politique, est resté dans l’histoire comme typique du courage dans l’adversité, d’autant plus qu’il était accompagné par les actes correspondants.

      Mais c’est au cours de leur vie de tous les jours que certaines personnes font preuve de la même vertu, les malades et les handicapés notamment.
      Les femmes me semblent particulièrement représentatives du courage dans la durée. Je salue notamment le courage des femmes de soldats de ma génération. Elles ont été séparées de leur mari, à plusieurs reprises et 27 mois à chaque fois. Elles ont assumé seules pendant des années l’éducation des enfants, tout en tremblant pour l’absent. La force d’âme est une vertu très féminine  » etil se dépense dans les maisons plus de bonne volonté, d’esprit de sacrifice et de continuité dans le courage pour l’intérêt de la famille, que dans le pays pour le service de la nation »

.(Ph. Herriat)
      Toutes ces femmes, et bien d’autres, semblent très loin de l’aventure prodigieuse de Guillaumet survivant à l’écrasement de son avion à 5.000 m d’altitude et traversant à pied la cordillère des Andes …
      Pourtant, elles sont (et ils sont), chacun à sa manière, des héroïnes et des héros.

Le courage d’endurer
      La commémoration de la Libération nous rappelle chaque année le courage indomptable des déportés des camps de la mort. Les prisonniers des camps Viet ont connu un sort peut être plus effroyable encore à certains égards. Le Goulag est fermé, nous dit-on, mais nous savons qu’il reste dans le monde beaucoup de prisonniers pour leurs idées et leur foi, héros des temps modernes. Tant il est vrai que derrière les barbelés, comme dans les hôpitaux et derrière les murs des belles maisons ou des HLM, c’est bien le courage qui caractérise l’homme. «  Aucune bête au monde, disait Guillaumet n’aurait pu faire ce que j’ai réussi »

Le courage devant la mort
      Malgré l’angoisse, il est probablement plus facile de marcher à l’échafaud comme l’ont fait, entre autres, Louis XVI et les Carmélites de Compiègne, portés par leur foi et la grâce du martyre, que de se débattre dans les souffrances et les révoltes d’une longue maladie. Comme dit Graham Green : »On parle du courage d’un condamné à mort qui marche jusqu’au lieu de son exécution. Il en faut parfois autant pour garder une façade acceptable en allant au devant de la souffrance quotidienne.« 
Cela dit, nul ne choisit… mais, même en admettant que mourir ne soit pas le plus difficile de l’existence, notre position face à la mort est la pierre d’achoppement dont dépend notre capacité d’être courageux dans les autres circonstances de notre vie.

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Certes, croire à une vie future permet dans une certaine mesure de mieux regarder la mort en face. La foi donne aux croyants la possibilité d’aborder peut-être mieux que les autres ce moment suprême, d’où une relation étroite entre le courage de mourir et le courage de croire, c’est à dire d’aborder sereinement la question du sens de la vie. Ainsi, le courage de regarder la mort en face peut contribuer à notre paix intérieure, mais autre chose est d’y penser quand on est bien portant, et autre chose de se présenter, seul et nu, devant le grand passage…
      Le fait d’aider à mourir celui ou celle qu’on aime réclame encore plus de courage.

Pour certains, le courage de vivre est bien plus méritoire que celui de mourir, par exemple s’il faut recommencer chaque matin une vie médiocre ou pénible, et a fortiori, pour les malades graves, celui d’aborder une nouvelle journée de douleur intense.

Le courage de décider
Il est souvent dur de décider: les vrais choix de l’existence comportent des risques et, de façon un peu infantile, nous préférerions ne pas avoir à les distinguer aussi clairement. Certains hommes balancent ainsi longuement sans parvenir à choisir entre tel ou tel parti à prendre sur le plan professionnel ou politique… Cette indécision chronique leur empoisonne la vie car vivre c’est choisir
– A l’opposé, c’est aussi une forme de courage que de ne pas se précipiter pour prendre une décision irrévocable… car la précipitation est souvent une fuite en avant.

Le courage d’accepter une responsabilité
On trouve de moins en moins de gens qui acceptent de prendre des responsabilités, notamment dans les domaines professionnel, associatif et politique.

      Raison de plus pour saluer le courage de ceux qui osent s’engager de façon claire en mettant leur énergie au service d’un idéal, telle Christine Boutin, député des Yvelines, qui défend au Parlement la conception Chrétienne de la dignité humaine, notamment en matière de bioéthique, face aux vrais apprentis-sorciers matérialistes, (voir chapitre La VIE).

Le courage de dire « non »
      C’est une forme de courage qui a de multiples aspects: l’adolescent qui dit « non » quand on lui offre un « joint »; la jeune fille qui refuse de se donner à un garçon qui lui plait mais qui ne lui assure pas la dimension d’amour dont elle rêve; le responsable qui tient bon devant un chantage ou une compromission… tous ces gens là sont des modernes courageux.

Le courage d’être seul car « Le plus brave d’entre nous a peur de son moi« (Shakespeare)

 C’est malheureusement le lot de beaucoup de nos contemporains, en ville notamment, à comparer avec la sévère promiscuité des HLM de banlieues…

Le courage d’endurer sa souffrance personnelle, et plus encore celle de ceux qui vous sont chers Il faut bien plus de courage à un père pour soigner et soutenir son propre enfant gravement handicapé que pour faire face à ses difficultés personnelles ou risquer sa propre vie sur un champ de bataille…

Le courage de se remettre en question…

Le courage de renoncer, par exemple à une responsabilité, quand on sent qu’on commence à être fatigué. C’est, semble-t-il, une forme de courage à laquelle beaucoup de dirigeants ne sont pas assez préparés…

Le courage de vieillir se rattache au précédent mais il comporte aussi celui d’essayer de rester jeune d’une certaine manière…

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Le courage de s’engager quand on aime, celui de rester fidèle, et celui de mettre de l’exigence dans son amour car, par exemple, trop de parents y considèrent surtout la dimension tendresse et ont peur de déplaire à leurs enfants…

Le courage de pardonner. C’est celui qui manque par exemple à tant de foyers qui pourraient essayer de se reconstruire au lieu de se déchirer…

Le courage collectif
      Depuis les temps préhistoriques, la survie des humains dépend surtout du courage de tous. C’était vrai au temps des cavernes que les tribus disputaient aux bêtes sauvages. Cela a été vérifié souvent depuis, comme en France pendant la Guerre 1914/18 alors que les hommes étaient au front, les femmes aux champs ou à l’usine.. L’attitude du peuple Anglais a, de même, été héroïque durant le « Blitz »; comme celle des Israéliens lors de la création de leur Etat ou lors des différentes guerres Israélo Arabes.
      Dans un autre ordre d’idées, le relèvement de l’Allemagne et du Japon après leur défaite de 1945 est d’abord à imputer au courage collectif de ces peuples…
      Aujourd’hui comme hier, la formule de Platon reste donc vraie:

« Ce sont les hommes et non les pierres qui forment le rempart de la Cité. »

2/ LA CRISE DU COURAGE

      Malheureusement, en face de tous ces traits de courage, on connaît des gens qui, par exemple, s’étaient distingués au feu durant leur jeunesse et qui se révèlent veules, voire lâches dans d’autres domaines à leur maturité. (L’inverse est vrai aussi…

) On cite surtout des cas innombrables de lâcheté individuelle et collective dans tous les domaines de l’activité humaine et de l’actualité.

Nos lâchetés individuelles et collective.
      La lâcheté est d’abord individuelle et commence souvent à l’école. Des gamins rackettent leurs camarades plus faibles qui n’osent ni se plaindre ni réagir. Des violeurs, des consommateurs et distributeurs de drogue sont chez eux dans certains quartiers ou lycées où personne ne les dénonce car règne l’omerta corse, la loi du silence.
      Dans certains immeubles, les témoins de violences à enfants et à femmes n’osent pas intervenir pour ne pas se mêler des affaires de leurs voisins. Dans les lieux publics, dans les transports ou dans la rue, des énergumènes peuvent casser des objets, menacer, molester ou attaquer des personnes, violer des femmes ou détrousser des vieillards sans que personne n’ait le courage d’intervenir…
Cette lâcheté individuelle réagit souvent sur la vie collective: on constate que beaucoup d’hommes publics n’osent ni résister à un chantage ou à une pression ni dire la vérité quand elle risque de déplaire à leurs électeurs. Ceux là pratiquent plutôt la démagogie que le courage politique.
A propos de lutte contre la corruption, il faut du courage aux responsables pour refuser d’entrer dans ce cycle infernal. (Encore faudrait-il que le courage et l’intégrité de certains ne soit pas une assurance pour les autres de conquérir les marchés publics!)

La lâcheté en politique
      Il est indéniable que nous avons laissé Hitler se renforcer faute de réagir quand il a occupé la Rhénanie en 1936. De lâcheté en lâcheté, nous en sommes arrivés à la guerre de 1939/45 avec ses horreurs dont nous sommes indirectement responsables. Vis à vis de l’URSS, pendant 44 ans, nos démocraties Occidentales ont fait preuve de la même faiblesse, en refusant de soutenir les habitants des pays satellites réduits en esclavage quand ils tentèrent de secouer leurs chaînes, les Hongrois en 1956, les Tchèques en 1968 et les Polonais en 1980

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Le « Naturellement, nous ne ferons rien! » du Ministre des relations extérieures françaises de cette époque résonne encore comme un aveu d’impuissance et de lâcheté collectives, celles qu’on a retrouvées en Bosnie et ailleurs…

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Sur le plan de la politique intérieure, c’est encore une forme de lâcheté de la part des pouvoirs publics que de refuser de présenter à l’opinion dans leur vraie dimension des réalités inquiétantes. Par exemple, l’immigration incontrôlée qui pèse lourd en termes de dépenses de santé, de délinquance, de commerce de la drogue… La montée d’un Islam conquérant qui menace l’identité et la sécurité françaises. L’aspect pervers d’une certaine politique d’assistance aux exclus de la métropole et des DOM/TOM que les allocations encouragent en fait à la paresse. C’est encore manquer de courage, en ce qui concerne la prévention du SIDA, que de se référer au seul préservatif en cachant le fait que le vagabondage sexuel est la vraie cause de la propagation de la maladie.

      Mettre les hommes et les femmes devant leurs responsabilités personnelles serait une tout autre preuve de courage politique…

Tout cela, Soljénitsyne le stigmatisait déjà lors de son discours d’Harvard en 1978 :
« Le déclin du courage est peut être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté, non seulement le monde occidental dans son ensemble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis, ainsi que, bien entendu, l’Organisation des Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel mais ce ne sont pas ces gens là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et plus encore, dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité, se trouve souligné avec une ironie toute particulière dans les cas où les mêmes fonctionnaires sont pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance, à l’égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement incapables de rendre un seul coup. Alors que leurs langues sèchent et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes, face aux agresseurs et à l’Internationale de la terreur.
Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant coureur de la fin ? « 

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3/ L’éducation au courage

      Comment réensemencer le courage dans nos sociétés ? Deux remarques fondamentales:

– La vertu de courage n’est pas innée chez le petit d’homme; il lui faut donc une éducation au courage.
– Comme la peur, le courage est contagieux, d’où l’importance de l’exemple en matière de propagation du courage physique, moral et social.
Les spartiates entraînaient systématiquement leurs jeunes gens à se dominer à travers la pratique de sévères exercices. En 2005, nous n’en sommes plus là; l’idée de souffrir nous fait horreur et les ascenseurs nous épargnent même tout effort physique. Il faut donc réhabiliter l’idée simple que l’éducation au courage est un élément constitutif de la formation du caractère, et que cette dernière passe d’abord par la maîtrise de son corps.
      Prenons garde cependant! L’éducation est un tout et l’on ne saurait privilégier sans risques l’éducation au courage par rapport à celle du coeur ou de l’esprit. Tout déséquilibre dans ce domaine risque d’aboutir à des troubles du comportement…

      Sous prétexte de formation du caractère des enfants, gardons nous d’envoyer trop tôt nos gamins au parcours du risque ou à la tour à parachute… Apprenons-leur aussi le don de soi et la générosité.

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      Mais n’élevons pas nos enfants (garçons et filles) dans la mollesse et enseignons-leur très tôt à exercer leur courage à travers de petites choses. Dès 4 ans, à ne pas faire de drame s’ils s’écorchent le genou; dès 6 ans, à se lever le matin sans rechigner et à ne pas avoir peur du noir; les faire marcher en forêt ou en montagne dès 7/8 ans…
      Ce sont là des éducatifs simples qui les prépareront à refuser, quelques années plus tard, un joint ou une dose de dope.
      Cela les aidera peut être à tenir bon, à 40 ans, devant une compromission ou une lâcheté professionnelle… Un scout de 14 ans est lâché seul un soir à l’orée d’une forêt avec la consigne de la traverser à la boussole en deux étapes séparées par une nuit à la belle étoile. C’est un beau test de débrouillardise et de contrôle de soi. On peut le transposer dans d’autres domaines.

      Dans cette éducation au courage, L’EXEMPLE est essentiel. C’est pourquoi, quand ça va mal, nos officiers ont l’habitude de dire à leurs hommes :  » En avant derrière moi… »

      Dans le même ordre d’idées mais dans des domaines différents, l’exemple que les parents courageux donnent aux enfants est essentiel, à condition qu’il reste humain.
(J’ai connu un camarade, orphelin de père, qui a été marqué par les sacrifices héroïques faits par sa mère pour lui permettre de continuer ses études malgré sa pauvreté. A contrario, j’ai entendu un adulte au psychisme perturbé parce que sa mère lui a interdit de pleurer, enfant, la mort de son père…)

      L’exemple des parents est donc essentiel mais il ne suffit pas. Les jeunes ont aussi besoin de modèles et il est important de savoir en présenter aux enfants et aux jeunes. Malheureusement, la civilisation médiatique moderne a tendance à confondre idole et modèle, et la TV incite trop les jeunes à ressembler à tel chanteur ou à tel joueur de foot…
      Sachons, quant à nous, identifier les auteurs d’actes de courage authentiques; sachons les citer et les donner en exemple car le courage est contagieux.

Avec les RAISONS DE VIVRE, c’est de CARACTERE, donc de COURAGE, que nos jeunes auront surtout besoin pour la vie qui les attend. « Le caractère, écrivait de Gaulle, c’est la vertu des temps difficiles… » Or, qu’il s’agisse de la situation socio-économique, politique ou humaine, on peut prévoir que les temps à venir seront difficiles.

      Au siècle de la sécurité à tout prix et de l’assurance tous azimuts, remettons donc à la mode le proverbe « La chance sourit aux audacieux ». Dans tous les domaines de l’activité humaine, des raids militaires à la création d’entreprises, en passant par le mariage et la mise d’un enfant au monde, réhabilitons l’idée que la vie est un combat et que s’y applique donc la devise des Paras:

« Qui ose gagne »
 (Il s’agit évidemment d’une condition nécessaire mais pas suffisante; le courage ne vaut rien sans bon sens, sans réalisme et sans compétence…)

Le courage de quelques uns, clé du renouveau…

      A bien réfléchir, ce n’est pas tant la lâcheté qui constitue le drame de ce temps, dans la jeunesse notamment, c’est plutôt l’indifférence et le conformisme, la difficulté que chacun éprouve à se démarquer de ce que pensent et font les autres.

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      Soljénitsyne dit encore à cet égard:

« L’Occident, qui ne possède pas de censure, opère pourtant une sélection pointilleuse en séparant les idées à la mode de celles qui ne le sont pas, et bien que ces dernières ne tombent sous le coup d’aucune interdiction, elles ne peuvent s’exprimer vraiment ni dans la presse périodique, ni par le livre, ni par l’enseignement universitaire. L’esprit de vos chercheurs est bien libre, juridiquement, mais il est investi de tous côtés par LA MODE…

Depuis que je suis en Amérique, j’ai reçu des lettres de gens remarquables, tel ce professeur de collège, qui pourrait beaucoup pour rajeunir et sauver son pays, mais que l’Amérique ne peut entendre parce que les médias refusent de s’intéresser à lui… »

      A cet égard, l’éducation à l’indépendance d’esprit est l’un des point-clés de l’éducation du caractère et de l’éducation tout court. (Lire à cet égard mes « Lettres à mes petits-enfants sur des sujets qui fâchent »)

      Cela étant, l’expérience prouve que quand quelques personnes, des jeunes notamment, font preuve de courage dans leurs discours et dans leurs actes, spécialement quand elles affichent leurs convictions et qu’elles refusent de céder au terrorisme intellectuel, le mouvement s’étend bientôt et, par réaction en chaîne, il finit par toucher les médias et la classe politique.
      C’est ce à quoi France-Valeurs encourage ses amis.